Le Viniyoga ou le yoga qui prend soin de vous

Le yoga, aujourd’hui, s’affiche souvent en grand écart sur Instagram, perché sur une falaise, tel un spectacle. Pourtant, il existe un yoga plus discret qui cultive l’art de l’essentiel : le Viniyoga. Pas de spectacle ici, mais une invitation à une pratique sur-mesure, façonnée pour s’adapter à l’humain — et non l’humain à la posture. Un yoga à hauteur de souffle et qui respecte le corps de chacune et chacun.

Une approche héritée de Krishnamacharya

L'appellation Viniyoga a été formulée pour la première fois entre 1970 et 1980 par Sri Krishnamacharya, grand yogi qui a formé de nombreux enseignants de Yoga de renom tels que BKS Iyengar, Pattabhi Jois, TKV Desikachar, A.G. Mohan, Sri TK Sribhashyam,... Elle vient du sanskrit et signifie « application appropriée ». On estime que son héritage est primordial en ce sens qu’il aura su adapter le yoga aux hommes et aux femmes d’aujourd’hui tant au niveau de la société moderne indienne qu'occidentale. Son enseignement fut ensuite développé par l’un de ses fils, T.K.V Desikachar qui pose les bases de l’enseignement du Yoga selon l’esprit Viniyoga tels que nous le connaissons aujourd’hui.

“L'esprit Viniyoga, c'est partir de là où on se trouve. Puisque chacun est différent et change de temps à autre, il ne peut y avoir de point de départ commun et les réponses toutes faites ne serviront à rien. Il est nécessaire d'examiner la situation actuelle et de remettre en causse le statut habituellement admis." TKV Desikachar

T.K.V. Desikachar

Le souffle, fil conducteur

Ici, ce n’est pas le corps qui mène la danse, mais la respiration. Elle guide, elle rythme, elle structure. Le souffle devient la trame de la séance, chaque mouvement s’inscrivant dans une respiration consciente. On inspire, on s’ouvre ; on expire, on s'intériorise. Cela peut paraître simple. Et pourtant, il suffit de quelques minutes pour se rendre compte que respirer en pleine conscience, c’est tout sauf automatique. C’est un art, une discipline douce mais exigeante, et parfois, une rencontre inattendue avec soi-même.

Le geste répété, l’écoute affinée

Autre particularité du Viniyoga : la répétition. On entre dans une posture, on en sort, on y retourne… non pour s’y perdre, mais pour mieux s’y trouver. Comme un musicien rejoue une phrase pour en saisir la nuance, on répète pour affiner la sensation, ajuster le souffle, faire de l’espace. Ce va-et-vient crée une forme d’intimité avec la posture. Il n’y a pas de performance à atteindre, seulement une exploration. C’est un yoga du ressenti, plus poétique que spectaculaire.

Une pratique qui vous respecte

Le Viniyoga se fiche de vos capacités acrobatiques. Il s’intéresse à ce qui est juste pour vous, aujourd’hui. Vous êtes fatigué ? On adapte. Vous êtes tendu ? On allège. Vous avez besoin de dynamisme ? On ajuste. C’est un yoga profondément inclusif, dans le sens noble du terme. Et surtout, il vous accompagne dans le temps. Pas besoin d’un corps jeune ou d’un passé de danseuse étoile : le Viniyoga se pratique à tout âge, et surtout, à tout moment de la vie.

Bien plus qu’un travail du corps

Le Viniyoga ne s’arrête pas aux muscles. Il intègre aussi le chant védique, la méditation, la visualisation, la concentration, et un travail subtil sur le souffle (pranayama). C’est un yoga complet, qui prend soin du corps, du souffle et de l’esprit, sans jamais les dissocier. Il peut d’ailleurs avoir une dimension thérapeutique pour des personnes ayant subi des traumatismes physiques ou psychologiques. Un yoga qui ne crie pas, mais qui transforme. À sa manière : silencieusement, patiemment, profondément.

En résumé

Le Viniyoga, c’est :

• Un yoga qui vous écoute avant de vous proposer quoi que ce soit.

• Une pratique adaptable, progressive et répétée.

• Un art du souffle, qui structure chaque geste.

• Une attention fine au ressenti, plutôt qu’à la performance.

• Une voie de transformation douce, mais durable.

Et si finalement, le vrai secret du Viniyoga, c’était de nous rappeler que nous ne sommes pas à plier pour entrer dans le yoga… mais que le yoga est là pour nous accompagner, là où nous en sommes ?

Prenez une inspiration lente. Une expiration plus longue encore. Vous venez déjà d’entrer dans la pratique.