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Le Yoga, une résistance douce face au culte de la performance

  • Photo du rédacteur: Surya
    Surya
  • 22 août
  • 3 min de lecture

Notre société glorifie la vitesse et la performance. Nous devons produire davantage, répondre plus vite à toutes les sollicitations, optimiser chaque seconde. Résultat ? Nous courons, nous cliquons, nous « swipons »… et nous finissons épuisés, avec la douce impression d’avoir perdu ce que nous cherchions à gagner : notre temps de vie. Et si le yoga, qui nous apprend à nous libérer des souffrances et à vivre l'instant présent, n'était finalement pas une forme de résistance ?


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La philosophie du yoga : réapprendre à vivre le temps

Dès les premiers aphorismes, Patañjali définit le yoga comme citta vṛtti nirodhaḥ (Yoga Sūtra I.2), la pacification des fluctuations du mental. Autrement dit, il ne s’agit pas de faire plus, mais d’apaiser, de ralentir, de revenir à l’essentiel.


Le temps social est tourné vers la productivité. Le temps yogique, lui, s’ouvre à la présence. Dans l’āsana, il ne s’agit pas de dépasser une limite, mais de trouver une stabilité paisible (sthira sukham āsanam, Yoga Sūtra II.46). Cette orientation est radicalement différente de la logique de performance : elle valorise la patience plutôt que la précipitation, la qualité de l’instant plutôt que l’accumulation des résultats.


La juste mesure contre l’excès

La Bhagavad Gītā rappelle que l’équilibre est la voie de la sérénité :« Le yoga n’est pas pour celui qui mange trop, ni pour celui qui jeûne à l’excès. Il n’est pas pour celui qui dort trop, ni pour celui qui veille trop. Mais pour celui qui, modéré dans ses habitudes de nourriture, de sommeil, de travail et de repos, discipline sa vie, le yoga devient un destructeur de souffrance » (VI.16-17).


Dans une époque dominée par l’excès – excès de travail, d’informations, de sollicitations – ces paroles prennent une force particulière. Le yoga se présente comme une voie d’écologie intérieure, où la mesure et la patience rééquilibrent ce que la société dérègle.


Krishnamacharya et l’art du souffle

Le maître Krishnamacharya (1888–1989), source du Viniyoga, insistait sur le lien entre souffle et mouvement. Pour lui, l’āsana n’était jamais séparé du prāṇāyāma. Dans une société qui accélère, sa pédagogie du souffle lent est un antidote puissant. Chaque inspiration et chaque expiration deviennent des rappels : la vie se déploie à son propre rythme, non à celui que la société voudrait imposer.


Par la répétition douce des postures, par l’allongement progressif de l’expiration, la pratique devient un entraînement à la patience et à la résistance intérieure.


Transformer notre rapport au monde

Pratiquer le yoga, ce n’est pas fuir la société, mais se donner les moyens de la vivre autrement. Le temps passé en silence, dans la respiration, nous apprend à nous libérer de la dictature du « tout, tout de suite ».


Nous cessons de mesurer notre valeur en termes de productivité. Nous redécouvrons que l’essentiel est de vivre pleinement chaque instant.


Choisir de pratiquer le yoga aujourd’hui, c’est donc plus qu’une hygiène de vie. C’est une position éthique : refuser que la valeur de notre existence se mesure uniquement en termes de performance et de vitesse. C’est cultiver un autre rapport au temps, fondé sur la présence et la lenteur.

Dans un monde qui nous pousse à courir, le yoga nous apprend à marcher.

Dans une société qui nous presse de produire, il nous rappelle l’art d’être.

Et dans un système qui nous vole notre temps de vie, il nous rend la liberté intérieure de chaque respiration.

 
 
 

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